Entre Pots : épicerie vrac et engagée
Entre Pots est une épicerie vrac située dans le 14ème arrondissement de Paris. Nous avons interviewé Janneke et Jean-Denis les fondateurs.

Est-ce que vous pouvez-vous présenter?
Janneke : Je m'appelle Janneke, j’ai 47 ans. On travaille sur notre projet de vie depuis plus d'un an avec Jean Denis, et Entre Pots a vu le jour en septembre 2018.
Jean-Denis : Je m’appelle Jean-Denis, j'ai 48 ans.
Comment vous est venue l’idée?
J : Nous avons commencé à réduire nos déchets à la maison avec nos quatre enfants, et on s'est rendu compte que c'était un peu difficile parce qu'il n’y a pas assez de magasins vrac sur Paris. J’ai eu l'opportunité de partir de la société où je travaillais. J'ai eu l'idée d'Entre Pots et j'ai travaillé dessus puis Jean Denis m'a rejointe plus tard dans ce projet.
JD : J'ai travaillé pendant longtemps dans les projets informatiques, on a tous les deux travaillé dans la pétrochimie, mais je suis intéressé depuis toujours par tout ce qui est écologie. Quand Janneke a commencé à réfléchir à ce projet on s'est vite rendu compte qu'une épicerie c'était nécessaire pour les familles. Donc j'y suis allé de bon cœur ! Je l’ai rejointe avec grand plaisir tout en assumant un travail à côté la première année. Depuis cette année on travaille tous les deux à 100 % et on a fait cette rentrée dans la joie et la bonne humeur.
Vous avez été soutenus par le budget participatif de Paris. En quoi ça consiste ?
J : Oui les parisiens sont prêts pour le vrac je crois. Donc notre projet a plu et ils ont voté pour le projet. Ça nous a aidés parce qu’il y a une participation aux frais d'installation. Et également une aide pour trouver le local.
Au niveau des produits que vous proposez quelle est votre démarche, hormis le vrac?
JD : Notre démarche c'est de proposer des produits de qualité, et souvent qualité ça veut dire des produits bio, français, à chaque fois que c'est possible. Par exemple les noix de cajou ce n'est pas produit sous nos latitudes, donc soit on n'en fait pas, ou alors on les fait venir mais dans les meilleures conditions c'est-à-dire avec les fournisseurs les plus certifiés et les plus engagés sur l'éthique,…etc. 98 % de la boutique est bio.
Il y a certains articles qui ne sont pas bio, pour pouvoir proposer aux clients des tarifs plus abordables. Pour les fruits et légumes frais on est sur du 100 % bio, français (le plus loin qu'on aille c'est en Corse pour les agrumes), et de saison.
Est-ce que vous faites partie d'un réseau ou est-ce que vous avez été aidés par un réseau de boutiques vrac?
J : Nous sommes indépendants mais effectivement il y a le réseau vrac qui rassemble toutes les épiceries vrac en France et qui, pour les petits magasins comme nous, est très utile, parce qu'ils mettent en communication les différentes boutiques et les boutiques avec des fournisseurs. Et en général ces fournisseurs-là sont différents de ceux de la grande distribution.
JD : Oui on a fait le choix de l'indépendance et on est très heureux. Souvent on nous demande si on fait partie d’une franchise mais nous on a fait le choix d'être indépendants et on est très content d'avoir cette liberté, choisir nos fournisseurs et arrêter ou continuer avec eux, selon comment ça se passe.
Quelles sont les difficultés particulières à tenir un magasin vrac ?
J : La manutention, en particulier celle liée aux silos (qu'il faut laver entre chaque remplissage, pour éviter les contaminations croisées entre les lots ndlr), qui peut causer des douleurs, de dos, des tendinites. Il faut être à l’écoute de son corps, faire attention aux postures et organiser la boutique et les livraisons pour réduire autant que possible les mauvais mouvements.
C’est quoi une journée type (ou une semaine type si + intéressant) pour vous ?
Une semaine type se constitue de tâches administratives pour suivre les stocks et tenir la comptabilité à jour, 6 à 8 livraisons, de chargement des sillos et des bacs, 2 rushs de clientèle le mardi et le samedi, et un peu de communication sur les réseaux sociaux. Il y a aussi les imprévus : ruptures de stock, retard de livraison, erreur de livraison qui ajoutent un peu de stress, et les belles rencontres de clients ou fournisseurs qui rendent les journées plus belles.
C’est quoi le profil de votre clientèle ? Des gens attirés vers le zéro déchet ? Ou qui veulent soutenir des petites structures?
JD : J’ai l'impression qu'on a un tiers de gens qui sont militants et qui viennent là pour acheter vrac, bio et local, des gens très engagés, qui le sont même plus que nous. Y'a un autre tiers qui est conscient mais pas plus engagé que ça, et puis un autre tiers qui est constitué de gens de passage, parfois des touristes…etc.
Ça a changé quoi de devenir entrepreneur.se ?
JD : Devenir entrepreneur c'est faire le choix de la liberté. Alors c'est une liberté conditionnelle, parce qu'on est forcément contraint par le chiffre affaire. Avec notre ancien boulot c'est vrai qu’au fur et à mesure ça devenait de plus en plus compliqué de concilier nos engagements personnels -les inquiétudes par rapport au climat et nos convictions- et la vie professionnelle. On vient de rentrer de vacances, et on ne revient pas avec la boule au ventre ! On est revenu avec joie, et plein d'idées, ce qui n’était pas forcément le cas dans notre ancien boulot.
Vous conseillez quoi aux gens qui voudraient se lancer à leur compte, comme vous?
J : C'est difficile de donner un conseil, parce que chaque personne a différentes billes, mais le plus important c'est de se lancer. C’est bien d’avoir un plan B au cas où, c’était notre cas. Mais quand on se lance il faut y aller à 100 %. Et il faut aussi trouver un projet pour lequel le marché est prêt. Il y a une dizaine d'années, certains magasins vrac ont fermé parce que c'était trop tôt. En fin de compte il faut quand même vendre, donc il faut faire une étude de marché assez importante et ensuite y aller à 100 %.
Et pour finir qu'est-ce qui a fait que vous avez accepté de vendre notre pâte à tartiner dans la boutique :p ?
J : C'est très simple, déjà j'aime avoir un contact réel avec mes fournisseurs. Ensuite vous vivez dans le quartier. Et vous êtes des jeunes qui se sont lancés dans un projet comme nous, et puis vous êtes sympa ! C'est un bon produit, c'est important aussi !
Merci à Janneke et Jean-Denis,
Retrouvez-les à Entre Pots,
2 Place de Moro-Giafferi, 75014 Paris